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Son nom commercial est le "Rahmet Rabbi" (la Clémence de Dieu), en abrégé RHB. Ce complément alimentaire, commercialisé depuis une semaine dans les pharmacies sous forme de boîtes de 56 comprimés, a été présenté au départ comme un médicament qui guérit de la maladie chronique du diabète. Etant élaboré par le médecin chercheur Toufik Zaibet, ce produit parapharmaceutique a bénéficié d'un véritable coup de pouce de la part du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, et a été soutenu par une campagne médiatique de la part de certaines chaînes de télévision privées.

"C'est un remède miraculeux qui va révolutionner le monde de la médecine. Toufik Zaibet est loin d'être un charlatan, il est connu et reconnu en Europe. Laissez-le travailler!", avait rétorqué M. Boudiaf pour défendre le médecin, dont "l'invention" a été mise à mal par les doutes émis par des professionnels de la santé qui ont fait circuler une pétition sur les réseaux sociaux afin de dénoncer "un acte de charlatanisme".

Après toute la promotion dont il a bénéficié et les dénonciations de médecins et pharmaciens, les premiers couacs ont commencé à apparaître dès les premiers jours de la commercialisation du Rahmet Rabbi.

Motivés par l'espoir d'une guérison qui tarde à arriver et attribuant des vertus extraordinaires au RHB, des diabétiques qui se sont procurés ce produit ont aussitôt arrêté leur traitement d'insuline. Conséquence: certains malades ont été transférés d'urgence dans les hôpitaux pour cause d'hyperglycémie.

Pour arrêter l'étendue de la prise de ce produit devenu "l'ennemi public numéro 1", les pouvoirs publics ont fini par réagir et mettre en garde contre les méfaits d'un tel traitement.

En réaction extrême, le ministère du Commerce a appelé à son retrait pur et simple des pharmacies. "Par mesure de précaution, les services du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes du ministère du Commerce ont procédé au retrait de ce produit avec des prélèvements aux fins d'analyses et de vérification de sa conformité", indiquait mercredi un communiqué du ministère.

A ce titre, ajoute le document, "il est recommandé aux consommateurs de s'abstenir d'acheter ce complément alimentaire jusqu'à obtention des résultats définitifs de ces analyses". En outre, ces services "avisent les pharmacies d'officines et les commerçants que la commercialisation ou l'utilisation de ce produit avant l'obtention des résultats d'analyses les exposent à des sanctions administratives et pénales". En définitif, les services du contrôle et de la répression des fraudes "ont été chargés de procéder sans délai au retrait de ce produit mis sur le marché", conclut le texte.

Dans une tentative de calmer le jeu, M. Boudiaf a fini par admettre mercredi à Alger que le RHB "n'est pas un médicament mais un complément alimentaire car ne répondant pas aux conditions requises par la réglementation concernant les produits pharmaceutiques", à savoir les analyses et les expériences cliniques avant l'enregistrement et l'autorisation de distribution.

Pour sa part, le président de l'Association algérienne de diabétologie, le Pr. Mourad Semrouni, qui a appelé les personnes atteintes de diabète à "rester très attentives" quant à l'usage du RHB, a estimé que le ministère de la Santé "aurait dû être plus attentif" dès la commercialisation de ce produit proposé comme "une solution miracle" au diabète.