alpha_conde.jpg Photo: Alpha Condé, Président de la République de Guinée

Crise diplomatique ouverte entre Conakry et Alger ? Simple mouvement habituel de remplacement du personnel des chancelleries de Guinée à l’étranger ? Dans l’un ou l’autre des cas, aucun des deux pays ne s’est risqué à évoquer les raisons précises du rappel ce 15 janvier d’Ousmane Diao Baldé, l’ambassadeur guinéen en poste à Alger. Explications.

En matière de diplomatie, cela s'apparente à une protestation d'Etat à Etat. Contre quoi? Comme cette question, beaucoup d'interrogations escortent le rappel sans bruit ce 15 janvier, de l'Ambassadeur de Guinée en Algérie.

Un décret lapidaire, sans détail ni explication, lu à la télévision et diffusé dans les médias publics ou proches de Sékoutoureya, s'est chargé de rendre l'information publique. Comme pour cacher la poussière sous le tapis. Ousmane Diao Baldé a donc quitté Alger sur la pointe des pieds. Le diplomate devrait continuer à porter la voix de Conakry en Tunisie, pays que son affectation couvrait également. Mais son rappel ne fait l'objet d'aucune explication officielle de la part de la Guinée.

La conjecture la plus avancée est celle d'une protestation des autorités en place à Conakry contre les mauvais traitements lors d'expulsion «arbitraires» de ressortissants d'Afrique subsaharienne dont de nombreux Guinéens. Ces expulsions sont dénoncées par les ONG internationales, Amnesty International en tête, comme fondées sur un «fichage ethnique» et en violation des droits de l'Homme. Un épisode que l'on pensait clos mais qui serait la source du rappel de l'ambassadeur.

Cette version est démentie par la diplomatie algérienne. Tout en rappelant ses bonnes relations avec la Guinée, Alger rappelle que les expulsions se font en accord avec les pays de provenance. Pour Alger donc, le rappel de l'ambassadeur est à inscrire dans le cadre des mouvements habituels de remplacement du personnel des chancelleries guinéennes par leur ministère de tutelle.

A l'évidence, l'explication de la protestation contre l'expulsion de Guinéens du territoire algérien est assez légère. Dans les couloirs de Sékoutereya, c'est l'omerta totale sur les véritables raisons qui ont conduit au rappel d'Ousmane Diao Baldé. La seule évocation de l'affaire auprès des autorités guinéennes contactées par le quotidien La Tribune Afrique s'est soldée par un rapide «sans commentaire» ou par un «ping-pong» téléphonique entre départements et chancelleries qui se renvoient la patate chaude.

Par ailleurs, plusieurs commentateurs émettent l'hypothèse d'un début de dégradation des relations diplomatiques entre Alger et Conakry notamment sur la gestion par Alpha Condé des questions continentales. Alger reprocherait au président en exercice de l'Union africaine de ne pas assez écouter la voix d'Alger sur les questions continentales, toujours selon ces commentateurs. Une mise en doute de son impartilaité qui n'aurait pas été du goût d'Alpha Condé. Au-delà, la frilosité de Conakry à fournir une explication au rappel de son ambassadeur est bien le signe qu'une «divergence» majeure opposerait les deux capitales.