paris-alger_une_histoire_passionnelle.jpg
Sur le régime, les deux auteurs décrivent un système algérien, qui à force de se protéger de l'extérieur, tourne sur lui-même et se rabougrit.

Selon les deux journalistes français, le système algérien fonctionne autour de trois pôles qui s'attirent parfois, se repoussent souvent et surtout se neutralisent, à savoir la présidence de la république, l'armée et les services secrets.

A l'intérieur même de ces territoires, il y a des luttes d'influence avec des personnalités passant de l'un à l'autre, relèvent-ils, précisant que le tout est influencé par des affiliations géographiques allant de l'ouest (le clan des civils) à l'est (le clan des militaires).

Les deux journalistes évoquent aussi l'émergence au fil du temps de dynasties familiales et de réseaux affairistes, notant que cette nébuleuse est un terrain miné pour ceux qui ne la maîtrisent pas.

L'enquête relève en outre que le département du renseignement et de la sécurité (DRS) a tous les moyens de peser sur les décisions puisqu'il bénéficie d'un maillage unique dans le pays, notant qu'aucune entreprise, journal ou syndicat n'échappe à son contrôle.

Cette police politique, qui est un instrument puissant pour faire et défaire les ministres et hommes de pouvoir en fonction des intérêts et de l'humeur du jour, est "Etat dans l'Etat", dont la spécificité est d'être à la fois un service de renseignement intérieur mais aussi extérieur.

Les deux journalistes soulignent en outre que depuis plusieurs années, la présidence et les services secrets se disputent le contrôle de l'armée, relevant que le chef de l'Etat écarte les vieux généraux qui ne lui sont pas acquis et promeut des jeunes officiers dont beaucoup d'entre eux sont issus de la région de Tlemcen, fief du président, au détriment de l'est du pays, terreau traditionnel des militaires.

Cette mesure, qui constitue pour le président une manière d'asseoir son autorité, a eu des conséquences sur les prises des décisions qui sont devenues encore plus longues, issues d'interminables négociations, pour la plupart secrètes, entre clans rivaux.

Par ailleurs, l'ouvrage relève que le pouvoir concentre à lui seul 70 % des revenus de l'Etat, ajoutant qu'aucun homme d'affaires ne peut prospérer à grande échelle ou diriger les secteurs stratégiques (notamment celui de l'énergie) sans l'accord du plus haut niveau de l'Etat.

Les puissances de l'argent sont omniprésentes au cœur du pouvoir, relève le livre.

Dans son chapitre «Alger-sur-Seine», les auteurs évoquent longuement la nomenklatura algérienne qui dispose de biens immobiliers de luxe à Paris. Ils citent notamment l’actuel ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, qui dispose d’un grand appartement situé quai Montebello dans le 5e arrondissement, l’une des adresses les plus chers de Paris.

Cherif Rahmani, ancien gouverneur d’Alger a pu acquérir, lui, un appartement rue Singer, dans le très chic 16e arrondissement. Quant au Premier ministre Abdelmalek Sellal, sa fille de 27 ans a acheté, le 27 avril 2007, un appartement sur l’une des avenues les plus chères au monde, les Champs Elysées. Et la liste est bien longue...