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Jamais le roi du Maroc n’a été aussi frontal dans ses accusations à l’encontre de l’Algérie. «L’Algérie a une responsabilité flagrante. L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme, l’Algérie soutient diplomatiquement le Polisario», a-t-il écrit au secrétaire général de l’Onu, António Guterres, dans un message qui lui a été remis mercredi 4 avril par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bou­rita, actuellement en visite à New York.

Derrière sa colère, des «incursions» d’éléments du Polisario dans les zones administrées par l’Onu récemment dénoncées par les Marocains, mais tout de suite démenties par l’Onu. Rabat persiste pourtant à dire que des éléments du Polisario ont bel et bien pénétré à Tifariti et à Bir Lahlou, à l’est du mur de défense marocain, et dénonce «une grave violation de l’accord du cessez-le feu de 1991».

Pour preuve, le ministre marocain a exposé devant le secrétaire général de l’Onu des ima­ges aériennes – prises par le satellite militaire marocain – montrant des travaux entrepris par le Polisario dans les zones précitées afin «d’y transférer leur ministère de la Défense et le siège de la présidence de leur République».

«Des images du 8 août montrent qu’il y avait des fondations dans cette zone. Une autre image du 26 mars montre que les constructions sont complétées et des casernes militaires sont déjà là», a déclaré Nasser Bourita, selon l’agence officielle Map. Pour les Marocains, le Polisario cherche à changer le statut juridique de cette zone régie par le droit international afin de s’y établir «par la force». «Si rien n’est fait, le Maroc considérera cet acte comme un casus belli et en tirera toutes les conséquences», ont-ils menacé.

«Le Maroc est déjà en train de chercher des prétextes pour se désengager du processus de paix onusien», estime le Polisario, dans une déclaration relayée par Sahara press service, l’organe de presse de la Rasd, dans laquelle le mouvement dénonce également la «rhétorique agressive du Maroc».

Ce n’est pas la première fois que le Polisario organise des activités officielles dans ces zones tampons gérées par l’Onu. Que ce soit à Tifariti ou à Bir Lahlou – que le mouvement considère comme des «zones libérées» – il a notamment l’habitude d’y célébrer des défilés militaires. Son ancien chef, Mohamed Ould Abdelaziz, est même enterré à Bir Lahlou localité où a été proclamée la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) il y a 42 ans.

En mars 2016, l’ancien secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, y avait fait escale, suscitant l’ire de Rabat et le déclenchement d’un long bras de fer entre lui et le royaume chérifien.

Ce que redoutent les Marocains en réalité, c’est que ces incursions répétées se transforment en fait établi. Ils citent l’exemple de Guer­garat, zone gérée par l’Onu sur la frontière mauritanienne où le Polisario a installé du matériel militaire et tente depuis août 2016 de bloquer les convois commerciaux.

Nasser Bourita a effectué lundi 2 avril une visite à Paris – La France, membre du Conseil de sécurité, est un allié stratégique du Maroc sur la question du Sahara – afin d’y rencontrer son homologue, Jean-Yves Le Drian. Deux jours plus tard, il s’est envolé à Washington pour rencontrer le secrétaire d’Etat par intérim, John J. Sullivan.

D’ici le 25 avril, date à laquelle le Conseil de sécurité devra adopter une nouvelle résolution sur le Sahara, la tension restera donc à son maximum. D’ici là, Rabat n’a qu’une idée en tête: ramener Alger à la table des négociations et faire admettre à la communauté internationale la responsabilité algérienne dans le conflit qui l’oppose au Polisario depuis plus de 40 ans.