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La scène est pour le moins insolite. 27e minute de jeu entre le CABBA et le WAT vendredi lors de la 4e journée du championnat Ligue 2. Un ballon sort en touche. C’est le moment choisi par Amine Bitam, arbitre assistant de la rencontre, pour pénétrer sur la pelouse, et enlever son maillot pour laisser apparaître un t-shirt indiquant "Kerbadj et Hammoum, une histoire d’un jeu manipulé".

A l’issue du match, l’officiel explique qu’il a réalisé ce geste haut en couleurs pour dénoncer les agissements de Mahfoud Kerbadj, le président de la Ligue de football professionnel (LFP) et Khellil Hammoum, le président de la Commission fédérale des arbitres (CFA). Il assure que les deux dirigeants lui ont demandé de "faire perdre" la JS Kabylie contre le CRB Aïn Fakroun en demi-finale de la Coupe d’Algérie 2014 et d’avantager le MC Alger lors de la Supercoupe face à l’USM Alger. "Tellement que nous étions déconcentrés, nous avons refusé un but tout fait à l’USMA", révèle l’arbitre au Buteur, demandant pardon aux supporters usmistes.

Le quotidien Liberté se félicite de voir enfin un officiel qui "dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, c’est à dire que l’arbitrage reste otage des injonctions hiérarchiques visant à favoriser telle ou telle équipe et des présidents de clubs corrupteurs". Si El Watan se félicite de voir lancé un "pavé dans la mare", le quotidien remet en cause les motivations réelles d’Amine Bitam.

En fin de semaine, l’assesseur n’a pas été sélectionné parmi un groupe d’arbitres algériens invités à participer à un séminaire de la FIFA. Vendredi, Hammoum avait affirmé: "Bitam ne figure pas dans la stratégie future de l’arbitrage en Algérie et c’est la raison pour laquelle il n’a pas été choisi pour ledit séminaire de la FIFA". La déception a-t-elle poussé la langue de Bitam à se délier ou l’arbitre a-t-il monté cette histoire de toutes pièces ?

Informée de l’affaire, la FIFA, qui fait de la lutte contre la corruption et les matches arrangés l’un de ses chevaux de bataille, a pris l’affaire très au sérieux, indiquant qu’une enquête serait ouverte. Le ministre des Sports, Mohamed Tahmi explique que la justice va également mener des investigations. "Nous allons convoquer Bitam pour qu’il nous donne toutes les informations en sa possession. Nous allons aussi convoquer les dirigeants de la Ligue pour faire toute la lumière sur cette affaire et s’il faut aller en justice, on ira en justice".

"La Supercoupe a eu lieu le 9 août. Alors pourquoi n’a-t-il pas fait ces déclarations le 10 ? Moi, il me cite pour le match JSK-CRBAF qui s’est joué en avril dernier. Ça remonte à des mois !", s’interroge Kerbadj, mis en cause par l’arbitre. "J’irai très loin avec lui. S’il n’a pas de preuves, je l’envoie en prison, même pour un jour !".

La vérité ne semble pas prête de jaillir...