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La deuxième édition de la Comic-Con, à Tripoli en Libye a été interrompue le 3 novembre par une milice armée faisant office de police dans la ville, la RADA Special Deterrence Forces (SDF), au motif que l'évènement portait «atteinte aux mœurs et à la pudeur». Des centaines de jeunes s'étaient pressés à l'ouverture du festival, vêtus des costumes de leurs héros favoris de mangas ou de films d'animation.

«Ils ont arrêté plus de 20 personnes. Des organisateurs, des participants et des visiteurs. Tous ceux qui portaient un badge, y compris des visiteurs ont été arrêtés», a confié sous couvert d'anonymat un organisateur de l'évènement au Libya Herald, le 4 novembre.

Selon cet organisateur, la milice aurait signifié aux personnes arrêtées qu'elles avaient commis une longue liste de crimes contre la morale publique et l'islam, dont l'agnosticisme, l'athéisme, la croyance en des idées maçonniques, en Halloween, la déformation des esprits de la jeunesse ou encore l'abandon pur et simple de l'islam. Ils ont également été accusés d'incitation à la violence à travers certaines œuvres d'art qui représentaient des couteaux et des scènes violentes.

En arrêtant les organisateurs du Comic-Con, la SDF a estimé qu'il était «nécessaire de s'attaquer à ces phénomènes destructeurs et de les combattre». Elle a précisé que les organisateurs seraient présentés au parquet pour «atteinte aux mœurs et à la pudeur». «Ce genre de festivals importés de l'étranger exploite la faiblesse de la foi religieuse (des adolescents) et leur fascination pour les cultures étrangères», a expliqué le groupe armé.

La SDF, loyale au Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli et soutenu par la communauté internationale, est essentiellement constituée de salafistes, basés à l'est de la capitale. Figurant parmi les groupes armés les plus disciplinés, elle a gagné en influence depuis l'installation du GNA à Tripoli en mars 2016, après avoir réussi à contenir le crime organisé dans la capitale libyenne. Elle pourchasse à la fois les trafiquants (drogue, alcool) et les personnes soupçonnées d'appartenir au groupe armé Daesh.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les autorités successives de transition ont échoué à mettre en place une police et une armée régulières, capables de rétablir l'ordre dans un pays où des centaines de milices font la loi.