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Le président américain a été bouleversé par ces images de jeunes enfants agonisants après avoir respiré du gaz sarin largué par le régime de Bachar Al-Assad. Mais la grande question maintenant est de savoir si le chef de la Maison-Blanche a un plan pour mettre fin à la guerre en Syrie et déloger Assad du pouvoir.

La réponse pour l’instant est non. Donald Trump n’a aucun plan pour la suite des choses en Syrie.

L’attaque d’hier avait été préparée par le Pentagone à la demande de l’administration Obama en 2013. C’est pour cette raison qu’il a pu agir si rapidement et avec autant de précision en frappant, jeudi soir, la base aérienne de Shayrat.

La Syrie n’était aucunement sur l’écran radar de la Maison-Blanche il y a quelques jours. À preuve, la semaine dernière, le secrétaire d’État, Rex Tillerson, déclarait que Bachar Al-Assad pouvait rester au pouvoir, alors qu’hier il affirmait le contraire.

Trump ne s’intéresse pas à la politique étrangère. Il ne lit pas sur ces questions. Il dépend carrément des conseils de ses généraux.

Obama a refusé d’intervenir en 2013 en raison de la complexité de ce conflit où la Russie et l’Iran jouent un rôle majeur en appuyant Assad. La Russie, l’Iran et la Chine viennent de dénoncer l’attaque d’hier soir.

La Russie et l’Iran sont des alliés des États-Unis dans sa lutte contre le groupe armé Daesh.

Le président Trump vient de placer un pied dans une guerre civile vieille de six ans. Il vient de frapper un pays dont il refuse d’accueillir les réfugiés.

Personne ne sait, en ce moment, quelles sont la politique et la stratégie que les États-Unis veulent mettre en place en Syrie. D’ailleurs, cette volonté existe-t-elle?

Donald Trump vient-il d’ouvrir une porte qu’il sera incapable de refermer?

ll devient de plus en plus difficile d’intervenir militairement en Syrie, entre autres à cause de la présence des batteries antiaériennes russes.

L’administration Trump va devoir élaborer un plan crédible concernant la Syrie. L’improvisation n’a pas sa place en stratégie militaire.

Ce sont les émotions du nouveau président qui semblent avoir motivé les frappes de missiles Tomahawk de jeudi soir.

Plusieurs leaders dans le monde, dont celui de la Corée du Nord, pourraient aussi avoir l’idée de provoquer un jour la patience du président des États-Unis.

Et l’émotion en politique étrangère est rarement bonne conseillère.


Texte Christian Latreille analyste politique à Washington