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Les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la faim dans le monde. Elles constituent 70% des victimes, alors qu'elles produisent comme agricultrices plus de 50% des aliments, déplore la rapporteuse spéciale de l'ONU pour le droit à l'alimentation.

Dans son rapport présenté lundi au Conseil des droits de l'homme et mardi devant la presse à Genève, Hilal Elver dénonce une discrimination face à la malnutrition. A l'occasion de la Journée internationale des femmes, elle relève que réduire ce décalage permettrait, selon les estimations, d'augmenter la production agricole des pays en développement de 2,5 à 4%.

Le nombre de personnes sous-alimentées diminuerait alors de 12 à 17% et serait ramené à 150 millions. «Le droit à l'alimentation des femmes est affecté à toutes les étapes», a indiqué devant la presse Hilal Elver. Notamment en raison des conséquences du changement climatique ou des violences sexuelles dont elles sont victimes. Mais les lois entravent aussi souvent des avancées pour leur situation.

Parmi ses recommandations, elle demande un meilleur accès à la propriété pour les femmes, qu'elle considère comme «très important». La progression des entreprises agricoles et biotechnologiques menace par ailleurs les femmes qui se retrouvent l'objet de poursuites judiciaires pour violations de la propriété intellectuelle.

Hilal Elver souhaite également une aide financière plus importante pour elles. Leur responsabilité pour nourrir les ménages n'est pas suffisamment considérée. L'accès à l'éducation, à la protection sociale et aux actifs productifs doit être renforcé. Il faut encore permettre aux femmes de mieux s'adapter aux conséquences du changement climatique.

En revanche, les pays prennent en compte les droits économiques et sociaux, comme le droit à l'alimentation ou la lutte contre la discrimination des femmes, lors de l'Examen périodique universel (EPU), selon elle.

Hilal Elver demande encore de réduire les inégalités dans l'agriculture pour augmenter la productivité des femmes, de rééquilibrer la charge du travail domestique non rémunéré, de combattre les discriminations sur le lieu de travail ou d'investir dans la santé.