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Depuis plusieurs semaines qu’il connaissait le tirage au sort des JO, Hamid Sintès se préparait à un moment difficile. Petit gabarit (1,70m), il a toujours du mal contre les plus grands. Et son premier tour des JO contre le longiligne britannique Richard Kruse (1,89m) l’a confirmé, dimanche, dans la salle d’escrime des JO de Rio. Une impitoyable défaite, 4-15. «Ça reflète tous mes autres résultats contre lui…, constatait-il impuissant. C’est une montagne que je n’arrive pas à gravir. J’ai tenté différentes choses, et il n’y a rien qui passe… Je ne suis jamais à distance pour le toucher !»

Mais alors qu’il va fêter ses 36 ans ce 8 août, le fleurettiste n’a pas été autant marqué que lors de la désillusion olympique de 2012 (10e). A Londres, il était alors un espoir de médaille pour la France, après son bronze mondial de 2012. Quatre ans plus tard, il était sur la piste pour l’Algérie, le pays de ses parents : «Je n’ai aucun regret. C’était une aventure humaine. Je suis content d’avoir vécu ça, c’est un bonheur !»

«Mon père et ma mère sont nés en Algérie. La famille de mon père y vit depuis 1830 ! Mais… mes parents se sont rencontrés à Caen. Mon père s’est installé en France en 1962, quand il avait 11 ans. Une fois, ma mère, Samia, m’avait dit que j’aurais pu tirer pour l’Algérie. C’était resté dans un coin de ma tête, mais c’est revenu quand Ghislain Perrier m’a dit qu’il changeait pour le Brésil !»

En 2014, ses premiers contacts avec la Fédération algérienne lui permettent de découvrir l’Algérie et d’y rencontrer une partie de sa famille : «J’ai été bien accueilli ! J’ai revu un oncle qui me racontait où mon père et lui avaient appris à nager, à Alger, ce genre d’histoires… Depuis, j’y vais régulièrement.»

La Fédération algérienne a permis à Sintès de s’entraîner avec Oscar Garcia, deux fois médaillé olympique par équipes avec Cuba (1992, 1996). Il a fallu surmonter trois ans sans sport de haut niveau: «Je n’avais jamais lâché à 100%... Je m’entraînais une fois par semaine, mais je ne faisais pas de course, ni de muscu… Un peu de gym le mardi soir et du Parkour pour y suivre mes enfants ! Je passais rondade salto arrière !» Esthétique, certes, mais pas toujours utile en escrime.

Sintès est resté court, dimanche. Mais ne veut pas s’arrêter là. «Cette préparation, ça a demandé beaucoup de sacrifices, mettre le boulot de côté, ma femme, mes enfants, mesure-t-il. J’y ai pensé plusieurs fois… T’imagines, tout ce temps, si c’est pour faire juste un match aux Jeux ! Ca aurait été un peu déprimant. Mais ça valait le coup, je l’ai vécu ! Et tout ce travail, je n’ai pas envie que ça soit pour s’arrêter là. Je vais m’inscrire sur quelques Coupes du monde, l’an prochain, et je veux aller aux Championnats du monde (à Leipzig, Allemagne).»