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Comme dit le proverbe, il faut creuser un puits avant d'avoir soif! Mais ce n'est pas le cas des pays producteurs de pétrole, l’Algérie va devoir rogner sur l’Etat providence. A partir de janvier 2016, Alger va couper dans les multiples subventions accordées sans discernement de revenus.

A la clef, l’Etat compte réaliser quelque 20 milliards de dollars d’économies. Pour la population, ce tour de vis va se traduire, dès janvier, par une hausse généralisée des prix des produits de première nécessité ainsi que de ceux du gaz, de l’électricité et des carburants.

Il y a là un risque majeur d’embrasement social, du même type que celui de janvier 2011, où la hausse soudaine des prix de l’huile et du sucre avait provoqué des émeutes au bilan particulièrement lourd: cinq morts et 800 blessés. Le gouvernement avait ramené le calme en ouvrant largement son portefeuille. Mais, cette fois, la fête est visiblement finie.

«Nous sommes à un niveau de gaspillage qui n’est supportable par aucune économie», a déclaré Abderrahmane Benkhalfa, le ministre des Finances cité par Jeune Afrique. L’idée de n’aider que les plus démunis est bien en train de faire son chemin au sein de l’exécutif. Mais, pour qu’un tel système de redistribution soit efficace, il faut avant cela alléger la bureaucratie, lutter contre la corruption et mettre enfin un terme au clientélisme. Autant de chantiers auxquels l'Algérie peine à s’attaquer.

Pourtant, il y a urgence. L’Algérie, qui tire du gaz et du pétrole 98 % de ses revenus en devises et 60 % de ses recettes budgétaires, voit fondre son magot avec la baisse du prix du baril. Les recettes ne devraient plus être que de 22 milliards de dollars en 2016, contre 58 milliards en 2014. En outre, le développement des gaz de schiste aux Etats-Unis a réduit l’un des principaux débouchés d’exportation du pays.

Hésitant depuis de nombreuses années à engager les réformes de structure indispensables et, surtout, à développer le secteur privé non pétrolier, le pays est aujourd’hui au pied du mur. Il a pour lui d’avoir une dette extérieure très faible (moins de 2 % du PIB) et des réserves de change confortables, bien qu’en baisse. Fin 2016, leur niveau sera équivalent à environ deux ans d’importations, soit un an de moins que début 2015.

Il est à noter que l'équilibre budgétaire pour 2016 avait été calculé pour un baril de pétrole à... 110 dollars!