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Son âge, 52 ans, interpelle aussi les analystes, car selon Shashank Joshi, chercheur au RUSI, un centre de réflexion londonien spécialisé dans les questions de défense et de sécurité, «seule une minorité se radicalise après 30 ans».

Adrian Russell Ajao, alias Adrian Elms, alias Khalid Masood, est né dans le Kent (sud-est de l'Angleterre) le jour de Noël 1964. Il a épousé une musulmane en 2004, selon les médias britanniques, et s'est converti à l'islam.

Il aurait ensuite travaillé en Arabie saoudite où il aurait enseigné l'anglais, avant de rentrer au Royaume-Uni en 2009. Ces informations n'ont pas été confirmées officiellement.

L'ambassade d'Arabie saoudite à Londres a déclaré vendredi que Masood n'était pas connu des services de sécurité saoudiens et qu'il n'avait pas de casier judiciaire dans le royaume.

L'homme qui a semé la terreur mercredi près du Parlement britannique a fait quatre morts et au moins cinquante blessés et a été abattu par la police. Il ne faisait a priori pas partie d'un réseau et a agi seul.

Le groupe armé Daesh a revendiqué l'attaque. Mais la formulation de son communiqué semble indiquer qu'il ne l'a pas préparée ou coordonnée. Masood a agi «en réponse à l'appel à frapper les pays de la coalition» internationale anti-Daesh, a déclaré Amaq, agence de propagande du groupe armé.

«Je pense qu'il a été inspiré par Daech davantage qu'il n'a été l'un de ses soldats», estime Sara Khan, directrice de l'organisation non gouvernementale de lutte contre l'extrémisme Inspire. «Mais il est clair qu'il avait des idées extrémistes», a-t-elle ajouté.

En revanche, Masood «correspond au profil des sympathisants de Daesh, qui passent d'une activité criminelle au terrorisme», souligne Lina Khatib, responsable du département Moyen-Orient et Afrique du nord au centre de réflexion londonien Chatham House.

«Beaucoup d'assaillants semblent être connus de la police non pas pour avoir été suspectés d'activité terroriste, mais pour des activités criminelles», ajoute l'analyste.

Scotland Yard a confirmé que Masood avait été condamné pour la première fois en 1983, puis à plusieurs reprises ensuite pour «agressions» et «possession d'armes» notamment, la dernière fois en décembre 2003.

Mais rien ne laissait penser qu'il était engagé dans des activités terroristes, a ajouté la police londonienne, même si son nom est apparu dans une enquête liée à la violence extrémiste, à titre marginal, comme l'a indiqué la première ministre Theresa May.

Son parcours en cellule a pu faciliter sa radicalisation: selon un rapport du Centre international d'étude de la radicalisation et de la violence politique (ICSR, Londres), les prisons européennes sont devenues une «pépinière» pour les réseaux terroristes.

«Nous observons des radicalisations de plus en plus rapides en prison. Avoir été incarcéré pour des crimes violents facilite le passage à l'extrémisme violent», souligne le directeur du ICSR et cie autour du rapport, Peter Neumann.

Même si les programmes de prévention en prison se sont développés ces dernières années, «il reste très difficile de repérer qui peut se transformer en terroriste», juge James de Waal, un ancien diplomate qui travaille avec Chatham House.

Qu'un homme de plus de 50 ans puisse se transformer en terroriste a toutefois étonné au Royaume-Uni.

«Il avait 52 ans, le double de la moyenne», relève Jason Burke, auteur de plusieurs ouvrages sur les réseaux terroristes, soulignant que l'âge moyen des auteurs d'attentats a au contraire «reculé ces dernières années».

«Cela surprend qu'un homme de cet âge veuille commettre de telles atrocités», déclare Sara Khan. «Mais ce que nous savons, c'est qu'il n'y a pas de profil type, ce qui complique d'autant la tâche des forces de sécurité».

Tout comme les moyens dérisoires employés par Masood: une voiture pour foncer sur les passants sur le pont de Westminster, un couteau de cuisine pour tuer le policier posté devant le Parlement.