Voici quatre questions (et réponses) pour comprendre cette affaire;

1. Qu'est-ce qu'une garde à vue?
La garde à vue est une détention provisoire d'au plus 48 heures au cours de laquelle un individu soupçonné d'avoir commis un crime ou un délit est maintenu à disposition des autorités.

Cette mesure imposée à un ancien président est une première sous la 5e République. Jacques Chirac avait été reconnu coupable de corruption après avoir quitté le pouvoir, en 2011, mais il n'avait pas été placé en garde à vue pendant son interrogatoire.

2. Pourquoi en garde à vue?
L'ex-président est interrogé en lien avec une enquête portant sur le financement de sa campagne présidentielle en 2007. M. Sarkozy et son avocat Thierry Herzog pourraient avoir été informés du déroulement de cette enquête par un magistrat sympathique à leur cause, le juge Gilbert Azibert.

Les soupçons des enquêteurs découlent notamment de conversations téléphoniques enregistrées que M. Sarkozy a dénoncées et comparées aux tactiques de la Stasi (La police secrète de l'ancienne Allemagne de l'Est).

3. Quels sont les scénarios possibles après la garde à vue?
À l'issue de cette détention, Nicolas Sarkozy pourrait être relâché ou conduit devant les juges qui mènent l'enquête.

4. Quels effets sur les visées politiques de Sarkozy?
Au moment où l'ancien président envisage un retour politique, cette détention risque de ternir la réputation de Nicolas Sarkozy.

sarkozy.jpg «M. Sarkozy a un nombre d'affaires absolument inouï qui attendent des explications de lui. Ce n'est qu'une parmi tant d'autres, peut-être pas la plus grave, d'ailleurs», selon la présidente du Front national, Marine Le Pen. «Tout cela contribue à décrédibiliser totalement le moindre retour envisagé de Nicolas Sarkozy sur la scène politique et a fortiori sur la scène politique présidentielle», soutient-elle.

Des alliés de l'Union pour un mouvement populaire de Nicolas Sarkozy se sont néanmoins portés à sa défense. «Aucun ancien président n'a jamais été traité de cette façon, avec autant de haine», a lancé sur Twitter le parlementaire Christian Estrosi.

«Je suis perplexe. Le calendrier judiciaire est calqué sur le calendrier politique», a affirmé l'ex-ministre Nora Berra, qui dénonce un «acharnement totalement disproportionné» pour trouver «à tout prix un chef d'accusation pour entacher Nicolas Sarkozy».

De son côté, le gouvernement socialiste n'a pas voulu se mêler de l'affaire. «La justice enquête, elle doit aller jusqu'au bout», a affirmé le porte-parole Stéphane Le Foll à la télévision française. «Nicolas Sarkozy est aujourd'hui un justiciable comme les autres», a-t-il ajouté.

La loi française prévoit que le trafic d'influence peut entraîner une peine d'emprisonnement de cinq ans, de même qu'une amende.