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Pour le rappel des faits, les deux frères, résidents à Nîmes étaient mis en examen en 2004 pour actes de «torture», «barbarie» et «crimes contre l’humanité» perpétrés à la tête d’un GLD (Groupes de Légitime Défense) dans la wilaya de Relizane, durant la décennie noire des années 90. Après plus de 10 ans d’enquête, les frères Mohamed vont être jugés devant les assises du Gard pour des actes de tortures perpétrés entre 1994 et 1997, selon l’AFP .

«C’est la première fois dans l’histoire que des Algériens vont être jugés pour des crimes commis durant les années noires en Algérie», s’est félicité le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) dans un communiqué commun avec la FIDH et la LDH.

Pourquoi la France?
La justice française s'y est mêlée en vertu de la Convention internationale contre la torture, adoptée par la France en 1984 et qui stipule que «les autorités françaises ont pour obligation de poursuivre d’arrêter ou juger toute personne se trouvant sur (son) territoire, susceptible d’avoir commis des actes de tortures, quel que soit l’endroit où ils ont été commis et la nationalité des victimes».

Patriotes ou escadrons de la mort?
Un bout sombre de l'histoire de l'Algérie tachée par des dérives meurtrières envers la population civile, orchestrés par certains membres des GLD.

Entre 1991 et 1993, l’armée et les services de sécurité se sont retrouvés face à un nouveau phénomène appelé le Terrorisme. Durant cette période (la plus anarchique qu’a vécue l’Algérie) où l’armée perdait du terrain face aux groupes terroristes; plusieurs décisions, dont certaines furent non-réfléchis, ont été prise.

Alors que les casernes de l’armée et de la police commençaient à se vider par manque de nouvelles recrues, obligeant même le ministère de la défense à rappeler les réservistes; les régions montagneuses et isolées furent complètement abandonnées à leur sort. Pris de panique, un important rappel des troupes fut décidé surtout après la perte de la wilaya d’el-Bayadh. Pour rappel des faits; en fin 1993, la wilaya d’el-Bayadh fut, pour quelque jours, hors du contrôle du pouvoir central.

Alger prend la décision dès 1994, de créer de nouveaux services de sécurité comme la garde communale ainsi que d’armer la population et l’organiser en groupes paramilitaires comme les Patriotes et les GLD.

La Garde communale, les Patriotes et les GLD avaient pour mission de lutter contre l’intrusion des groupes terroristes dans les petits villages, prêter main forte à la gendarmerie nationale et servir de guides lors des opérations de ratissage.

Malheureusement, vu les recrutements rapides et anarchiques; certains membres de ces milices n'étaient pas des enfants de choeur. L’abus de pouvoir, la vengeance et les règlements de comptes se faisaient désormais derrière un uniforme...

Dans la bouche d'un cadre algérien de la lutte antiterroriste, l'affaire laisse tout de même un goût amer: «Ceux qui disent que ces hommes ont commis des exactions et ont tué des innocents ont raison. Ceux qui disent qu'ils ont sauvé le pays des islamistes parce que l'État seul ne pouvait pas le faire ont aussi raison. Un simple procès, surtout en France, ne pourra pas trancher la culpabilité des uns ou des autres.»