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Du 11 au 14 août au quai Jacques-Cartier du Vieux-Port de Montréal, le festival Orientalys propose des rencontres, fusions, voire des mariages entre cultures orientales et occidentales. Parmi les artistes participants, le groupe Raïna Raï fait figure de légende, d’autant qu’il revient pour la première fois depuis 2005.

Formé en 1980 à Paris par des musiciens de Sidi Bel-Abbès, le groupe a révolutionné la musique algérienne en créant un raï rock mâtiné de plusieurs autres styles algériens. Ici, la guitare électrique est en avant: celle de Lotfi Attar, le guitar hero du groupe.

«Nous sommes à l’origine du raï moderne», proclame Lotfi Attar. «Nous avons remplacé les instruments de folklore par la basse, la batterie et la guitare. Nous avons créé quelque chose de complètement différent de ce que font les chanteurs de raï. Nous sommes un groupe qui amène un message différent. Comme Hendrix, je suis dans la lignée des guitaristes. C’est un mariage de l’Occident avec la musique maghrébine.»

La formation-culte a précédé et influencé des groupes comme l’Orchestre national de Barbès, Gnawa Diffusion et les autres qui ont suivi. Depuis ses débuts, Raïna Raï a connu plusieurs changements et ses membres se sont séparés au milieu des années 2000, avant de se reformer il y a quelques années. En plus du trio guitare-basse-batterie, on y trouve les castagnettes karkabous (signature du regretté Djillali Amarna décédé en 2010), la derbouka et la flûte gasba. Lotfi Attar peut jouer les microtons à la guitare et certains passages de sa musique peuvent devenir assez hard, même si on chante en arabe dialectal.

«Nous voulons toucher tout le monde, pas uniquement la masse instruite», explique Hamida Attar, l’épouse de Lotfi Attar, qui est parolière et attachée de presse de Raïna Raï. «Nous essayons de nous distinguer de l’Orient et du Moyen-Orient. Nous proclamons notre identité: nous sommes Algériens, Maghrébins, Africains. L’Orient n’est pas notre véritable écriture.» Et les textes? «Il y a beaucoup d’engagement, surtout sur la condition féminine et par rapport à toute cette diversité fondamentale de la société qui a toujours essayé de gagner son identité. En Algérie, nous avons cette double culture, peut-être aussi cette triple culture: arabo, berbère et française, avec même un côté anglophone.»

«Très jeune, j’ai écouté le groupe The Shadow et j’ai commencé par la musique instrumentale. Puis je me suis intéressé au blues, à B. B. King, puis à Santana, à Hendrix et à tous les grands groupes», raconte Lotfi Attar, dit Lotfi Raïna Raï. Il a commencé dans les mariages, a harmonisé le raï de l’époque avec le groupe Les Aigles noirs. Puis avec Raïna Raï, il ajoute au raï du rock, du gnaoui, du chaâbi, un peu d’andalou, de musique touarègue et de cette nouvelle musique qu’il crée présentement et qu’il appelle le goumb-guits.