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Le ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi nous informe qu'en Algérie «rien n’est gratuit sur l’autoroute. On ne peut pas subventionner son accès si l’on veut la garder en l’état!» et annonce l’installation de centres de péages, 1300 caméras et des clôtures en grillage. Se justifiant que «l’autoroute doit être payante sinon on n’aura plus d’autoroute du tout!». L’autoroute sera payante fin 2015 et cela d'une façon permanente!

Notre cher ministre a bien raison, on ne peut pas se permettre de perdre l'autoroute la plus chère du monde! Mais en parlant de facture, elle a couté combien cette magnifique autoroute?

M. Kadi a refusé de donner un chiffre, mais à la place, il nous donne une petite devinette: «Je vais vous donner des chiffres et vous allez faire le calcul vous-même. La réalisation d’un kilomètre d’autoroute coûte en moyenne 1 milliard de DZD en Algérie (12 millions de $us). L’autoroute est d’une longueur de 1.200 à 1.300 km, faites le compte!»

Ce qui représente -après une simple règle de trois- plus de 15 milliards de $us.

Monsieur le ministre, cette autoroute est un peu chère faut l'avouer, y a-t-il pas eu des défaillances ou des surcharges suite à des mauvaises décisions techniques?

Le ministre refuse de parler de «surcoûts» et continu à nous donner des devinettes plus énigmatiques que les précédentes. Par exemple les charges des travaux pour la réalisation d’un nouveau tronçon hors tracé initial afin de contourner le tunnel de Djebel Ouahch suite à son effondrement? «Je n’ai pas l’intention de m’étaler sur cette question. Le projet de contournement de Djebel Ouahch est pris en charge par l’Agence nationale des autoroutes. Je me limite à ça pour ne pas dévoiler ce que nous avons l’intention de faire...» WOW! Un sujet Top-secret! Mais le ministre nous assure que «Tout se fait dans la légalité».

Pour rappel, le tunnel de Djebel Ouahch entre Constantine et Skikda sur l’autoroute Est-Ouest s'est effondré le 1er janvier 2014. Selon des informations, l’Agence Nationale des Autoroutes a imposé au groupe japonais Cojaal, -la société en charge de la réalisation du tronçon- une solution technique moins coûteuse, mais qui s’est avérée inadaptée pour un terrain glissant.

Le ministre refuse toujours de parler de «surcoûts» mais banalise certaines reprises de travaux et nous assure qu'elles sont prises en charge par les entreprises fautives! «On enregistre plusieurs types de malfaçons. Certaines sont dues à une mauvaise exécution dans les travaux et d’autres à des vices cachés qu’on découvre par la suite», constate-t-il.

Ainsi, le ministre trouve tout à fait normal qu’il y ait des travaux de reprise et met en cause les études qui, selon lui, n’ont pas été assez approfondies pour certaines zones.

Pour rappel, la validation des études est assurée par le groupe canadien de génie-conseil DESSAU; qui assure aussi une assistance à l'Agence Nationale des Autoroutes, pour la maîtrise de l’ouvrage, la gestion du projet, le suivi des travaux et le transfert des méthodes et outils de travail.

Il faut noter que la firme DESSAU est inscrite dans le registre québécois des entreprises non admissibles aux contrats publics dans la province canadienne. Des hauts placés dans la firme DESSAU, ont reconnu avoir participé à des pratiques de corruption, de collusion, de fausse facturation et de financement illégal de partis politiques.

Pour rappel, l’autoroute Est-Ouest traverse l’Algérie de la frontière tunisienne à la frontière marocaine sur une distance de plus de 1200 km. L’autoroute à six voies comprend 5 tunnels, 60 échangeurs, 390 ouvrages d’art dont 25 viaducs majeurs, des aires de repos, des stations-service des relais routiers ainsi que des centres d’entretien et d’exploitation pour l’autoroute.