Les ultimes développements qu'a connus la fin de la campagne électorale ont suscité un regain d'intérêt pour la présidentielle algérienne de la part des grandes capitales occidentales. Elles scrutent presque curieusement cet îlot de stabilité qui représente une exception dans le Monde arabe et au Maghreb. Des soubresauts dus à des échanges verbaux assez secs que l'on a certainement trop vite associés à des dérapages qui ont ouvert la porte à des interrogations et à des interprétations trop hâtives concernant le déroulement du scrutin du 17 avril et son devenir. Qu'en est-il au juste? Les passes verbales auxquelles se sont livrés les principaux favoris (Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis) de cette particulière course au palais d'El Mouradia et leurs lieutenants, ne doivent pas faire perdre de vue qu'elles ont lieu dans un climat sécuritaire assuré et maitrisé. On les retrouve ailleurs dans le monde sans que personne n'y ait rien à redire.

Pas de quoi donc renverser l'ordre établi. On est en effet loin du slogan «L'urne ou le cercueil» lancé par les groupes terroristes lors des précédents rendez-vous électoraux.

vote.jpgL'Algérie est-elle à ce point inconsciente, voire immature pour tenter ce grand saut vers l'inconnu que d'aucuns lui prédisent? La réponse est non. Les révolutions ou les changements n'obéissent en aucune manière à un type de «copier-coller» au point d'y voir un scénario «à la libyenne», voire «égyptienne».

Et c'est certainement faire offense au peuple algérien lorsque certains vont jusqu'à lui trouver des indices qui puissent le prédisposer au syndrome du printemps arabe. Une vague qui a submergé des pays du nord de l'Afrique (Tunisie, Lybie, Egypte...) et qui les a plongés dans des crises qui les ont menés tout droit vers la guerre civile. L'Algérie ne peut pas se payer, encore une fois, ce type de «coquetterie». Elle a déjà assez donné. Pendant la décennie noire, la lutte implacable qu'elle a dû mener seule contre le terrorisme qu'elle a réussi à vaincre est devenue une référence à travers le monde comme le fût la guerre de Libération qui l'a conduite, à son indépendance.

Des acquis payés au prix fort qu'aucun Algérien n'a envie d'hypothéquer. Comment peut-on se payer raisonnablement le luxe d'hypothéquer un niveau de développement jamais atteint depuis l'indépendance. Une enquête menée en novembre 2013 par l'Office national des statistiques (ONS) sur le niveau de vie des ménages, qui a démontré que «l'Algérie a réalisé plus d'infrastructures en dix ans, entre 2003 et 2013, qu'en quarante ans, entre 1962 et 2002», a même servi de référence au très sérieux hebdomadaire français qui cite en vrac la diminution du chômage qui a reculé de près de 20 points en onze ans, qui est passé sous la barre des 10%, l'accroissement de l'urbanisation: 69% des Algériens vivaient en ville en 2013 contre 58% en 2000, les inégalités sociales qui ont régressé en une décennie grâce à la hausse des salaires et des transferts sociaux (28% du PIB en 2012). «Cette amélioration du niveau de vie de l'Algérien moyen est visible dans les rues», note le média français qui a fait remarquer que les Algériens ont acheté 443.000 voitures neuves, plus que les Polonais et les Portugais réunis en 2012 (voir L'Expression du 16 avril 2014). Une sorte de long fleuve désormais tranquille que ne saura perturber le scrutin du 17 avril.