Abdelmalek SellalDeux jours après la fin tragique d’une prise d’otages qui a duré quatre jours à In Amenas, le Premier ministre Abdelmalek Sellal est revenu sur la façon dont les évènements se sont déroulés, ce lundi lors d’une conférence de presse. Il a fait état de près de 70 personnes tuées (Un algérien, 37 ressortissants étrangers et 32 terroristes).

Quel était le scénario prévu par les terroristes?
Venus du nord Mali, une quarantaine de terroristes ont attaqué le complexe gazier Sonatrach BP-Statoil mercredi 16 janvier à l’aube. Après avoir ciblé en priorité la base de vie des employés, venus de nombreux pays, à 4km environ de l’usine gazière, ils ont regroupé les otages, en séparant les Algériens des étrangers.

Si les terroristes ont prétendu agir en représailles contre l’intervention de la France au Mali, l’opération avait été préparée deux mois auparavant, en prévision d’une offensive contre les groupes islamistes du nord Mali. L’opération «Serval» a vraisemblablement été le déclencheur de l’attaque terroriste.

Selon le Premier ministre algérien, les terroristes avaient l’intention de faire exploser l’usine. Ils ont réclamé en vain la libération de cent terroristes emprisonnés dans le pays. Mais, alors que les ravisseurs tentaient de rejoindre l’usine, les unités régulières de l'ANP -avant l'arrivée des forces spéciales- ont donné le premier assaut et ouvert le feu sur les véhicules.

Qui était sur place?
La Brigade des Moulathamine (Ceux qui signent par le sang) comptait trente à quarante terroristes de six nationalités différentes (algérienne, canadienne, malienne, égyptienne, mauritanienne et française). A leur tête, Mokhtar Belmokhtard, dit «le Borgne». Après avoir revendiqué l’attaque, le groupe a menacé ce lundi de mener d'autres opérations si l'intervention d’armées occidentales se poursuit au nord Mali. Le chef du gouvernement a aussi affirmé que l'attaque contre le complexe gazier d'In Amenas avait été coordonnée par un Canadien, on avait appris plus tôt que deux des terroristes découverts morts à l’intérieur étaient de nationalité canadienne.

L’estimation du nombre d’otages sur le site n’a jamais été claire, on parle de 530 algériens et 132 étrangers. Le ministère algérien avait précisé ce week-end que 107 otages expatriés et 685 otages de nationalité algérienne ont pu être libérés.

Quel est le premier bilan humain?
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a annoncé qu'un jeune algérien "Amine Lahmar" (un gardien de sécurité non-armé à la base de vie de Tiguentourine) et 37 ressortissants étrangers, de huit nationalités différentes, ont été tués au cours de l’opération. Vingt-neufpreneurs d’otages ont également trouvé la mort.

Parmi les étrangers confirmés décédés par leurs pays depuis mercredi figurent neuf Japonais, un Français, un Américain, deux Roumains, trois Britanniques, une personne résidant au Royaume-Uni et six Philippins. Sept des corps retrouvés n’ont pas encore été identifiés ce lundi.

Du côté des ravisseurs, 5 membres des Moulathamine ont été arrêtés, trois sont parvenus à s’enfuir.

Le Premier ministre a également annoncé que cinq étrangers étaient toujours portés manquants.

Comment les pays impliqués ont-ils réagi?
Les relations entre l'Algérie et ses alliés occidentaux se sont tendues dans un premier temps après l’assaut rapide et sanglant donné par l’ANP. Certains, comme le Premier ministre britannique David Cameron, ont fait connaître leur mécontentement de ne pas avoir été informés de la décision algérienne de donner l'assaut tout en soulignant que la responsabilité «repose totalement sur les terroristes qui ont lancé cette attaque lâche et brutale». La France a, de son côté, apporté son soutien aux décisions du gouvernement algérien.