Une fille d’Oussama ben Laden, âgée de 12 ou 13 ans, a affirmé à un membre des services secrets pakistanais, avoir vu son père être capturé vivant, puis tué par les SEALs. C’est ce corps d’élite de la Navy américaine qui est intervenu dans la demeure du terroriste à Abbottaba, au Pakistan.

D’après la source, citée par la chaîne de télévision panarabe Al-Arabiya, les SEALs auraient capturé Ben Laden dans les instants suivant le début de l’assaut. Oussama ben Laden aurait alors été arrêté, puis tué par le commando américain. Ce dernier aurait ensuite quitté les lieux en emmenant une personne vivante. Il pourrait s’agir, selon la source, d’un fils de Ben Laden.

Ben Laden n'était pas armé lors de l'assaut
Oussama ben Laden n'était pas armé lorsqu'il a été tué pendant une opération des forces armées américaines dimanche au Pakistan, a déclaré mardi le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney. Appuyé par quatre hélicoptères, le commando des Navy Seals a tué Ben Laden à l'intérieur d'un luxueux complexe de la ville d'Abbottabad, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale pakistanaise. Des responsables de l'administration Obama avaient alors déclaré que Ben Laden avait tenté de résister à l'attaque, comme ils l'appréhendaient. Jay Carney a toutefois précisé mardi que le chef d'Al-Qaïda n'était pas armé, ajoutant qu'il n'avait pas besoin d'être muni d'une arme pour résister.

Par ailleurs, une de ses femmes qui se trouvait dans la pièce a tenté de se ruer sur les membres du commando et a été blessée d'une balle à la jambe, a indiqué Jay Carney à Associated Press. Le porte-parole de la présidence a refusé de fournir des précisions supplémentaires sur le comportement d'Oussama ben Laden pendant l'assaut.

Diffuser ou pas la photo de la dépouille?
D'autre part, la Maison-Blanche n'a pas encore pris de décision quant à la diffusion éventuelle d'une photographie de la dépouille du défunt. Jay Carney souligne que la photo est « horrible » et que la rendre publique pourrait avoir un effet « incendiaire ». « Je serai franc, la publication de photos d'Oussama ben Laden après cette fusillade est sensible, et nous évaluons la nécessité de le faire », a déclaré M. Carney, cité par l'Agence France-Presse. Il s'agit de savoir si une telle publication « sert ou dessert nos intérêts, pas seulement ici, mais dans le monde entier », a-t-il souligné.

De son côté, le directeur de la CIA, Leon Panetta, a déclaré sur les ondes de NBC News mardi matin qu'il fait « nul doute qu'une photographie du corps d'Oussama ben Laden finira par être diffusée ». « Le gouvernement discute évidemment de la meilleure manière de procéder, mais je crois que personne n'a douté un seul instant qu'au bout du compte, une photographie sera présentée au public », a-t-il souligné.

Femmes et enfants témoins de l'attaque
Des femmes et des enfants ont été témoins de l'opération des Navy Seals qui s'est soldée par la mort d'Oussama ben Laden, soutient la presse américaine, sur la foi de témoignages fournis sous le couvert de l'anonymat. Selon Associated Press, qui cite une source américaine, pas moins de 9 femmes et 23 enfants se trouvaient dans le complexe lorsque les forces spéciales de la marine américaine y ont fait irruption peu après minuit, heure locale, dans la nuit de dimanche à lundi.

Tous ont été remis aux autorités pakistanaises.
Le New York Times soutient aussi que des femmes et des enfants se trouvaient dans le complexe. Le quotidien américain cite une source pakistanaise anonyme selon laquelle 9 enfants de 2 à 12 ans sont entre les mains des autorités du pays.

Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a reconnu mardi avant-midi que des membres de la famille d'Oussama ben Laden sont entre leurs mains « et pris en charge conformément à la loi ». « Certains d'entre eux ayant besoin de soins médicaux suivent un traitement dans les meilleurs établissements possible », a ajouté le ministère. Les membres de la famille Ben Laden seront ensuite remis à leur pays d'origine.

Selon un membre des services secrets pakistanais interrogé par la BBC, une fille de Ben Laden âgée de 12 ou 13 ans aurait raconté avoir vu son père être abattu. Selon lui, 17 ou 18 personnes étaient dans le complexe au moment de l'intervention, dont 8 ou 9 enfants, dont les mains avaient été attachées par les Américains. Selon ce témoin, les soldats qui ont participé à l'opération ont quitté les lieux en emmenant une personne qui était vivante. Il pourrait s'agir, selon lui, d'un fils de Ben Laden.

La femme de Ben Laden a survécu
Plusieurs sources américaines affirment par ailleurs que la femme de Ben Laden, initialement donnée pour morte, a survécu. Selon la source d'AP, elle aurait reçu une balle à la tête. Son état de santé n'est pas connu. Selon toujours l'AP, la femme de Ben Laden aurait contribué à l'identifier, en criant son nom au cours de la mêlée.

L'identité du fils de Ben Laden qui a été abattu dans le complexe reste incertaine. Selon le principal conseiller du président Obama en matière de contre-terrorisme, John Brennan, il s'agit de Khalid Ben Laden. Le New York Times et le Daily Telegraph soutiennent plutôt qu'il s'agit de Hamza Ben Laden.

Parmi les autres victimes de l'opération se trouve le messager qui aurait mené les Américains jusqu'à Oussama ben Laden. Selon Associated Press, il s'agit d'un homme d'origine koweïtienne, Sheikh Abu Ahmed, connu sous le nom d'Abu Ahmed al-Kuwaiti.

D'éventuels témoignages des gens qui se trouvaient dans le complexe d'Abbottabad pourraient jeter un nouvel éclairage sur ce qui s'est passé lors de l'opération, qui aurait été menée par une force constituée de 79 membres des Navy Seals, selon le New York Times.

La version américaine affirme que Ben Laden a été tué d'une balle dans la tête, et que son identité a pu être confirmée de façon quasi certaine à l'aide de techniques de reconstitution faciale et de preuves d'ADN. Son corps a été immergé en mer.

Le fait que les États-Unis n'aient divulgué aucune photo ou vidéo d'Oussama ben Laden alimente les doutes quant à la véracité de cette version. Selon John Brennan, les autorités américaines réfléchissaient à ce qu'elles pourraient divulguer afin de ne pas compromettre de futures opérations des services secrets. « Nous ne voulons rien faire qui pourrait compromettre ce type d'opération à l'avenir », a expliqué le conseiller. « Nous ferons tout ce qu'il faut pour s'assurer que personne ne puisse nier la mort » de Ben Laden, a-t-il dit.

M. Brennan n'a par ailleurs donné aucune information sur les informations que les Américains ont pu glaner à l'intérieur du complexe. Selon des sources américaines, les Navy Seals se seraient emparés de disques durs, de DVD et d'autres documents. Ces documents pourraient permettre de retracer Ayman Al-Zawahiri, considéré comme le numéro deux d'Al-Qaïda.

Gates aurait été sceptique
Selon un haut responsable de l'administration Obama interrogé par le New York Times, les semaines qui ont précédé l'intervention des Navy Seals ont donné lieu à de profonds débats sur la meilleure façon de procéder.

« Il n'y a pas eu une rencontre où il n'a pas été question de Black Hawk Down », a-t-il dit, en référence à l'échec d'une opération d'exfiltration américaine en Somalie, en 1993, qui a entraîné la mort de 18 soldats américains.

Selon le quotidien, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates s'est initialement montré sceptique face au scénario d'une intervention des Navy Seals, qu'il jugeait trop risquée. Il aurait plutôt favorisé un bombardement aérien massif.

Lorsque la décision d'utiliser les Navy Seals a finalement été prise par le président Obama, les membres des forces spéciales ont pratiqué leur intervention dans des immeubles reconstituant le complexe d'Abbottabad. Leur mission exacte, menée depuis Jalalabad, en Afghanistan, ne leur a été dévoilée que plus tard.

Le fait qu'un sous-traitant de la CIA a été accusé d'avoir tué deux Pakistanais et emprisonné aurait failli compromettre la mission, les Américains craignant qu'il soit retrouvé mort dans sa cellule.

Le président Obama, le vice-président Joe Biden, la secrétaire d'État Hillary Clinton et le secrétaire à la Défense, Robert Gates, se sont réunis dans la salle baptisée Situation Room pour suivre les opérations, décrites par le patron de la CIA, Leon Panetta, depuis le siège social de l'agence, situé à Langley, en Virginie.

Le souci du secret était tel à ce moment que les visites guidées ont été annulées dans l'aile ouest de la Maison-Blanche, dimanche, de crainte que des touristes n'y rencontrent par inadvertance des responsables de la sécurité nationale.